Alerté ce matin par une lettre intrigante d’un certain Bénito en fin de vie ; d’un saut en TGV ; Marcello, ressemblant comme deux gouttes d’eau à un grand acteur français hélas décédé en 2017, est de retour dans son village natal à deux pas de la cité phocéenne. Cela fait plusieurs décennies qu’il n’y est pas revenu. Bénito doit lui dévoiler les mensonges et lui révéler la vérité sur le pourquoi et le comment, il y a 60 ans, alors que lui fêtait tout juste sa première dizaine, ses parents sont morts. Officiellement son père à tué sa mère puis il s’est suicidé lors de son incarcération à la prison des Baumettes. En réalité, ce n’est pas tout à fait ça !
Cette nuit, dans son immense appartement parisien, face aux Tuileries, alors que près de 50 ans les séparent, le même Marcello, anarchiste, mais richissime par héritage involontaire, a hébergé et réconforté une jeune femme de 25 ans : Lilia, infirmière de son état, et circonstance atténuante : mère célibataire au casier judiciaire vierge.
Pour ce qui suit, retenez votre souffle, car la phrase est longue, faute d’une bonne respiration, vous risquez de vous y perdre.
Il a rencontré Lilia fortuitement, la veille, en banlieue sud, en pleine période d’allègement du premier confinement alors qu’elle était en passe de sauter du haut d’un pont sur la voie ferrée du TGV sud-est pour mettre fin à ses jours suite à une série d’emmerdements liés au Covid, mais pas seulement. Série qui aboutit au petit matin après une nuit au poste, à un jugement en comparution immédiate et à une condamnation à une peine de prison assortie d’un sursis pour avoir, devant les caméras des télévisions des chaînes d’info en continu, alors que les CRS chargeaient la manifestation dans laquelle elle ne faisait que passer par le plus grand des hasards ; le hasard étant une librairie classée non-essentielle et donc fermée, où elle n’avait donc pas pu rentrer ; donc pour avoir jeté stupidement en direction des dits CRS en action, un objet bêtement ramassé à terre dont elle ne sait même plus de quelle nature était l’objet, une canette vide, une bouteille, un pavé, une grenade des policiers ?
Le soir même, après ces journées éprouvantes qui auraient pu lui être fatale si Marcello n’était pas passé dans le coin, au cours d’un agréable dîner en tête-à-tête, afin de la distraire, Marcello remet à Lilia l’unique exemplaire d’un manuscrit écrit par un de ses amis, scénariste de son état, qui raconte l’enfance du jeune Marcello au sortir de la guerre, en bord de mer sous le soleil du midi. Sujet pour lequel elle a fait preuve d’une grande curiosité.
Dans la douce chaleur de l’été qui s’annonce, Lilia, logée dans l’étonnant appartement de Marcello, après un brunch imposant et le départ soudain du propriétaire, est désormais seule. A peine a-t-elle la Seine à traverser que sous l’ombrage de quelques jeunes feuilles des vieux chênes du jardin des Tuileries, détendue dans l’herbe grasse, à moitié endormie par la digestion elle poursuit la lecture du précieux document commencée le soir même.