Fiction – MATAHI – dix huitième épisode
Temps de lecture approximatif : 23 – 29 minutes
Mooooon fissse
Chapitre 4
Plutôt rêveur et contemplatif, la servitude ne réjouit pas Marcello. Il n’est pas vraiment ce qu’on peut appeler un être laborieux, ni un manuel. Pour autant, elle ne le rend pas plus malheureux. C’est comme ça ! C’est la vie. C’est celle qu’il a toujours connue. Avant, c’était sa mère qui s’y collait. C’est à lui qu’elle confie désormais la mission et la responsabilité. C’est probablement le signe qu’elle le sent devenir un homme. Il en est flatté. C’est dorénavant sa place. Au fond, à dire vrai, il éprouve même un petit brin de fierté auquel il se raccroche. Et puis, sinon, qui d’autre ? N’est-il pas le seul garçon de la famille ?
Cette singularité, celle d’être le seul enfant porteur de testicules n’est pas, contrairement aux apparences, une situation des plus confortables. Surtout en position du deuxième de la fratrie. Ce n’est pas simple d’être la seule âme masculine au milieu de cinq sensibilités féminines (quatre sœurs et une mère). Il y a cette absence de référence permanente. Impossible de copier, de s’inspirer d’un frère. Il faut toujours improviser dans une complète incertitude. C’est en permanence une première fois. Son père s’est imaginé qu’il suffisait simplement de jeter un coup d’œil sur le berceau du nouveau-né, pour transmettre à l’enfant la panoplie, le costume du mâle et son mode d’emploi.Faute de modèle, il y a cette ignorance de ce que peut signifier “être un bon garçon”. Il y a ces différences permanentes, physiques et psychiques qui font que la seule chose sur laquelle il est possible de s’appuyer, c’est sa propre solitude.
C’est en toutes circonstances, être face à soi-même. C’est être en permanence en interrogation.
Sur tout et n’importe quoi, les filles ont envers l’unique garçon des attentes étouffantes et incompréhensibles telles que : « vas-y toi, tu es un garçon” ou encore “Demande lui toi, tu es un homme !”